Réhabilitation du poète Nazim HIKMET

Publié le par Jihad WACHILL

Turquie : Ankara redonne la nationalité à titre posthume à l’écrivain communiste.

Par la voix du vice-premier ministre et porte-parole du gouvernement Cemil Ciçek, les autorités turques ont annoncé la réhabilitation à titre posthume du poète Nazim Hikmet, déchu de sa nationalité en 1951 pour marxisme et mort en exil en 1963. « Les délits qui avaient poussé les autorités à le déchoir à l’époque de sa nationalité ne sont plus considérés comme un crime aujourd’hui, a expliqué Cemil Ciçek. Il appartient à sa famille et non pas au gouvernement de décider de rapatrier ses restes en Turquie. Pour nous il n’y a pas de problème », a-t-il précisé.

De son vrai nom Nazim Hikmet Ran, le poète et militant est décédé à l’âge de soixante et un ans d’une crise cardiaque à Moscou, où il est enterré. De son vivant, il était l’un des poètes turcs les plus connus à l’étranger. Ses textes ont révolutionné la poésie turque dans les années 1930. La ville ayant perdu sa voix (1931), Pourquoi Benerdji s’est-il suicidé ? (1933), Épopée de la guerre d’indépendance (1965) et bien d’autres de ses oeuvres ont été traduites dans plusieurs langues. Selon le prix Nobel de littérature turc Orhan Pamuk, Hikmet était l’exemple même de la persécution par la Turquie de ses propres intellectuels.

Considéré comme le plus grand poète turc du XXe siècle, Nazim Hikmet fut assimilé à un traître dans son pays pour ses écrits « communistes » et son appartenance au Parti communiste turc. Il est le premier écrivain turc à avoir évoqué le génocide arménien. Il passa une quinzaine d’années en prison. Surnommé en Turquie « le géant aux yeux bleus », il reçut le prix international de la paix en 1955. Il termina sa vie en exil comme citoyen polonais. Les admirateurs de Hikmet militaient depuis longtemps pour sa réhabilitation afin de tourner une page de l’histoire politique de la Turquie.

Damien ROUSTEL dans l'Humanité du 7 janvier 2009

Publié dans Histoire

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